JUVISY de ma jeunesse
Contrainte et forcée, j’ai quitté une première fois JUVISY le 18 avril 1944 ! Je venais d’y passer quinze années de ma vie, c’est-à-dire mon enfance et mon adolescence. Que de souvenirs de cette petite ville, souvenirs heureux, souvenirs moins heureux qui me reviennent à l’esprit à l’occasion d’un mot entendu, d’une vieille carte postale réapparue, de photos anciennes (mais pour ça, je suis un peu privée…les photos sont restées dans les décombres avec tout le reste).
Donc, je me souviens…
Nous habitions Avenue du Miroir et de chez nous, nous voyions ces grands escaliers qui montaient au Parc et que nous adorions prendre car ils nous menaient à ce qui était pour nous un vaste terrain de jeux ! Ce parc était sur deux niveaux; au niveau supérieur, un grand bassin alimenté par l’eau qui tombait en cascade de grottes artificielles et nous permettait de nous baigner ! Et les parties de cache-cache dans les grottes nous remplissaient de joie.
L’eau qui arrivait d’où, je n’en sais rien, était d’une limpidité extraordinaire et on en buvait car elle était très fraîche…non seulement on consommait sur place, mais on apportait des bouteilles vides qu’on remplissait avant de repartir à la maison ! Il y avait sûrement une source dans le coin, vraisemblablement sur le plateau de Juvisy, puisqu’il existait sur la Nationale 7, vers la Cour de France, une société qui s’appelait , si mes souvenirs sont exacts, « Sources de la Vieille Montagne » et qui produisait de l’eau minérale qui était revendue dans les commerces de la région. Cette eau, légèrement minéralisée, était très bonne. Existe-t-elle encore ? Je ne le pense pas.
Plaquette de Juvisy. Syndicat d'initiative.
Ma mère habitait, après la guerre, rue Vercingétorix et tout près de chez elle se trouvait une fontaine dont l’origine de l’eau était cette même source. Comme pour celle du Parc, elle était délicieuse et très, très fraîche, et je me souviens qu’une de mes anciennes voisines de l’Avenue du Miroir, venait en chercher jusque là (c’était un peu loin tout de même). Elle arrivait avec une brouette sur laquelle elle avait mis plusieurs bidons qu’elle remplissait à la fontaine. C’était sa ration de la journée sans doute ! Je crois me souvenir que quelques années plus tard, ma mère m’avait dit qu’il était interdit de consommer cette eau pour des questions d’hygiène, et elle le regrettait bien, d’autant plus que pour elle, la fontaine était très près de chez elle et l’eau…gratuite !
Nos promenades favorites étaient, en dehors des bords de Seine, la Route de Fontainebleau (Nationale 7) que nous empruntions depuis les Belles-Fontaines jusqu’à la Pyramide. Ce quartier de la Cour de France, bordé par l’Observatoire Camille Flammarion, avait un passé. Il y avait, je m’en souviens, un ancien relais de Poste et ceci nous faisait rêver. On s’imaginait les diligences s’arrêtant là pour faire reposer et boire les chevaux. Avec un peu d’imagination, on se croyait revenus à une époque lointaine ! Innocente cette Route de Fontainebleau ? Oh que non ! Plusieurs élèves qui allaient à l’école avec mon frère et moi, sont malheureusement morts écrasés par les voitures qui, bien que n’étant pas nombreuses, étaient très dangereuses. La route était droite et les conducteurs allaient très vite. Il n’existait pas de feux tricolores et la traversée du carrefour de l’Observatoire était très difficile pour ceux qui venaient du « Plateau » pour rejoindre une des écoles, publique ou privée située dans « le bas de JUVISY ». Je crois qu’il n’y avait pas d’école sur le Plateau. La Route Nationale 7 chantée par Charles TRENET n’avait pas bonne réputation à l’époque ! Et combien de voitures se sont « enroulées » autour des platanes qui bordaient cette route…Je n’ai jamais oublié ces élèves trop tôt disparus. Lorsqu’en arrivant en classe, l’institutrice nous disait « votre camarade….ne reviendra pas parmi nous, elle (ou il ) a eu un accident sur la route de Fontainebleau » toute la classe était anéantie.
Personnellement, j’ai vécu cela quatre fois.
Geneviève Montpellier, le 19 novembre 2007
Ce texte est sous référencement IDDN. Toute utilisation de celui-ci doit avoir été précédée d'une demande à l'auteur
Les souvenirs de Geneviève (Tome 7)
Les souvenirs de Geneviève (Tome 6)
Les souvenirs de Geneviève (Tome 5)
Les souvenirs de Geneviève (Tome 4)
Les souvenirs de Geneviève (Tome 3)
Les souvenirs de Geneviève (Tome 2)
Les souvenirs de Geneviève (suite)
Les souvenirs de Geneviève (août 1944)
18 Avril 1944
Les images proviennent de la galerie de cartes postales d'El Fronto
