J'étais posté à l'affût sur la passerelle du petit bois espérant en vain le passage du martin-pêcheur quand une tourterelle blanche effrontée s'est posée sur la rambarde à deux pas de moi et m'a regardé d'un air sévère et narquois. L'air de dire : "Et moi, tu ne me prends pas en photo ? Tu préfères les beaux oiseaux bleus qui filent au bord de l'eau et zèbrent l'azur à soixante-seize à l'heure. Tu fais partie de ces photographes ornitho racistes qui détestent les oiseaux en P. Tu évites les pies qui agassent, les pigeons qui caracoulent, les perruches qui jacassent comme des pies." J'essayais sans conviction de lui dire que j'aimais bien les pélicans mais ça n'a pas pris. "Mais toi, tu es une tourterelle", lui fis-je, pour m'excuser. "Sot que tu es, me fit-elle, tu vois bien que je suis un pigeon." "Et c'est quoi la différence ?". demandais-je prudemment. "Il n'y en a pas si ce n'est que le pigeon est une grosse tourterelle et vice et versa la tourterelle est un petit pigeon qu'il ne faut pas confondre avec les colombes que l'on trouve essentiellement dans les chapeaux des magiciens". Et elle disparut comme par magie.
Passerelle de la Cité Bleue au Petit Bois. 04/01/2015.
Note annexe : on peut entendre le cri des oiseaux sur ce site.
