C'est étrange de constater qu'en fait, je ne suis pas allé au ciné étant enfant ! La première fois que j'ai vu un film au cinoche, c'était dans le début des années 70 avec mes parents en vacances, crois-je me rappeler, à Paramé près de Saint-Malo. J'avais treize-quatorze ans. Un film débile mais rigolo appelé la Grande Maffia avec Francis Blanche et Aldo Maccione (je suis déshonoré à tout jamais en avouant ça !). 3 francs la place si mes souvenirs sont exacts. Et comme il y avait du monde pour voir ce navet, nous étions devant le premier rang, assis par terre, mon frère, ma soeur et moi.
Je pensais retrouver une rétrospective de tout ça mais je n'ai qu'une vague liste faite bien plus tard et j'ai jeté ce que j'appelais mes Cahiers du Cinéma où je notais tous les films que je voyais (télé et ciné compris). Une espèce de blog ciné sur papier avant la lettre !
Et là, je me rends compte que mes souvenirs sont très peu fiables.
Mon cahier m'annonce que j'avais vu les Pétroleuses avec un dénommé FG dont je ne me souviens plus à l'Arcel de Villeneuve le Roi ?? (Villeneuve Saint-Georges plutôt). Peut-être en 71 ?. Et je me revois sur ma mob ou la sienne sur la piste cyclable de VSG mais je dois extrapoler.
J'étais plutôt amoureux de la brune Claudia Cardinale que de la blondasse Bardot.
Il me semble que c'est mon copain JMRN, futur cinéphile averti qui m'avait emmené voir "Tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil" de Jean Yanne au Calypso de Viry, le seul ciné du coin (l'Eden avait plutôt viré porno ?).
Et je ne sais plus où et avec qui j'avais été voir le Magnifique (joué par Jean-Paul Belmondo) ; en tout cas, je m'étais largement personnifié avec le personnage d'écrivain raté, amoureux de la belle Jackie Bisset et qui imaginait être un James Bond invincible.
Huit films au ciné donc avant mes 18 ans ! Etonnant, non ? (Et j'ose même pas dire que j'avais revu la Grande Maffia...)
18 ans donc et je commence avec les Valseuses ! Puis Emmanuelle !! Ah ! Ça, par contre, je m'en souviens très bien. C'était avec mon camarade PR encore plus timide que moi. Y avait "Certains l'aiment chaud" au Calypso et Emmanuelle... Je l'avais entrainé dans le stupre et l'opprobre comme on dit dans les SAS... Lui, il aurait préféré aller voir Marylin Monroe. Mais moi, je repense encore à Christine Boisson en train de se trifouiller le minou dans un panier d'osier, Sylvia Krystel me faisant moins d'effet. J'ai revu la scène sur le Net, il y peu, c'était effectivement très chaud (j'en vois que ça intéresse, essayez sur France-Vidcaps...).
Okay ! je commence par des films assez chauds mais ensuite, ça s'intellectualise !
A Paris, j'étais allé revoir une ancienne camarade de lycée, FV dont j'étais super amoureux et avec ses potes de Saint-Louis (on était tous les deux en classe prépa), nous avions été voir le dernier Bergman "Scènes de la vie conjugale". J'ai retrouvée FV en début d'année sur Copainsdavant, 34 ans après.
Je ne vais pas vous faire la liste de tout ce que j'ai vu alors surtout que j'étais parti en 1975 faire mes études à Grenoble. Où je fréquentais le ciné-club de la ville et celui du campus.
En 1975, je remarque un film marquant pour moi : "Le démon aux tripes" (je n'en ai jamais trouvé de référence !?). A l'époque, les films d'horreur à la mode, c'était plutôt "L'exorciste" et je m'étais laissé entrainé à Belle Epine, je crois, à aller voir cet autre film d'horreur avec effet surround pour faire vibrer la salle pendant les moments insoutenables. Résultat : je n'en avais pas dormi pendant trois jours, laissant ma fenêtre et mes volets grand ouverts tellement j'avais la frousse. Heureusement, j'étais parti peu après en Norvège avec des copains en carte Inter Rail et tout était rentré dans l'ordre.
Un autre grand moment cinématographique, ce fut Orange Mécanique en 1976 que j'ai vu deux fois de suite. A partir de là, j'ai des résumés de mes sorties et j'avais d'abord vu le film à Grenoble du coté de la rue Montorge (le quartier à putes de la ville, le ciné s'appelait le Paris) puis à Belle Épine (houlà ! J'étais persuadé que c'était à Evry II, comme quoi, la mémoire...) avec RK et un ami à lui, un mois à peine après. C'est Bugsy Malone qui vient de ressortir que j'avais vu à Evry II ensuite ou "Carrie au Bal du Diable" de De Palma !
Il serait vain de tout recopier la liste des films vus. Je note que j'allais plutôt à Belle Ep' ou au Gaumont d'Evry II qu'au Calyps' pourtant plus près (mais je crois qu'à l'époque, il n'y avait que deux salles à Viry). Et on circulait en biclou, en mob ou en solex, beaucoup moins en transport en commun sauf pour aller à Paris.
A partir d'une époque, je commence aussi à aller seul au ciné voir ce que j'avais envie et non ce que le groupe avait décidé (dire que des camarades m'ont poussé à regarder "A nous les petites anglaises", "Les Bronzés" ou "Et la tendresse, bordel !"). En fait, je n'allais pas si souvent que ça au ciné, peut-être deux fois par mois, pas beaucoup plus. Sauf quand mon copain JMRN, le cinéphile m'entrainait voir trois films à la suite dans le quartier lat'. Me souviens bien que je planais un max sur le Boul'Miche après les trois toiles !
Dans un vieux cahier bleu, je retrouve mon journal de 1979. J' y avais mis mon classement des films que je préférais :
More (j'ai toujours eu une fascination pour les drogues alors que je n'en ai jamais consommées, je n'ai même jamais fumé ! Mais je n'ai pas grand mérite car je crois qu'à l'instar d'Obélix, je suis tombé dans la marmite de potion magique quand j'étais petit et je n'ai pas besoin de substances pour planer, mes endorphines... et mon imagination me suffisent amplement).
Orange Mécanique
Le Magnifique
Harold et Maud
Solo (de Mocky)
L'oeuf du serpent (de Bergman, un film assez méconnu sur les expériences des SS sur les êtres humains).
Je citais aussi Taxi Driver et 1900. Dans mes cahiers, je notais les films et outre ceux déjà cités, certains étaient accompagnés d'une flèche signifiant "j'ai beaucoup aimé" ou d'une double flèche voulant dire "j'ai aimé à la folie" (sic). On trouve avec une flèche : The Phantom of Paradise, Il était une fois la révolution, Le Juge et l'Assassin, Valentino, Mon Nom est Personne, Barry Lyndon, Parfum de femme, Le Cameraman, Les Doigts dans la Tête, Nos Amis Retrouveront-ils Leur Ami Mystérieusement Disparu en Afrique etc.
Plus tard dans la années 80, je rajouterai Mon Oncle d'Amérique (de Resnais) ou Une Semaine de Vacances (de Tavernier) et d'autres.
Coté star, je ne me souviens pas trop de mes attirances féminines ou mes héros favoris mis à part Bébel dans le Magnifique. Me rappelle plus non plus du prix des places. Y avait des tarifs étudiants et aux entractes, y avait de vraies ouvreuses avec un panier carré attaché autour du cou pour vendre des Miko.
Y avait pas de vidéocassettes encore moins de DVD ou de peer to peer pour télécharger des films. Y avait juste la téloche et le cinoche pour nous faire rêver.