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8 mai 2007 2 08 /05 /mai /2007 00:00

Autres souvenirs……d’une période troublée.

18 Avril. Comme tous les ans, cette date me rappelle quelque chose ! C’était il y a soixante trois ans. Oh là là, quelle nuit celle du 17 au 18 avril. Souvenir impérissable que j’ai déjà raconté.
Mais il y eut les lendemains….
Le Val d’ATHIS en ruines, les rescapés cherchant les membres de leur famille, les amis, les voisins, et ces bombes à retardement qui nous empêchaient d’aller sur nos décombres.
Les particuliers n’avaient plus le droit de circuler dans cette zone, seules les équipes de déblaiement (pompiers, scouts, etc..) étaient autorisées. Il y eut encore des morts les jours suivants parmi ceux-ci.
Nous nous retrouvions donc sans rien d’autre que ce que nous avions sur nous pour partir aux abris ! Mais surtout, il y avait tous ceux qui cherchaient leurs proches.
Je travaillais au commissariat d’Athis et mon bureau avait été « réquisitionné » pour y entreposer tout ce qui était retrouvé dans les décombres des maisons et qui pouvait être utile pour l’identification des personnes dont on était sans nouvelles : vêtements, papiers d’état-civil, livrets de famille, petits objets, enfin tout ce qui pouvait éventuellement servir à mettre un nom sur les corps retrouvés…..
Il s’était mis à faire chaud et il se dégageait des décombres une odeur atroce dont tout ce qu’on apportait dans mon bureau était imprégné… Je n’insiste pas… mais quand il me fallait aller dans ce bureau pour accompagner les familles recherchant un des leurs, j’en étais malade….Et le désespoir de tous ces gens…Chercher les siens dans cet amalgame, quelle horreur! ATHIS et JUVISY, comme tant d’autres Villes, ont vraiment été martyres…

Le quartier Voltaire

D’autres petits souvenirs….. certains heureux !

Il y a eu cette femme âgée, retrouvée dans les décombres de sa maison au bout de dix jours. Elle s’était mise à l’abri dans son sous-sol; sa maison s’était écroulée et sa famille la croyait morte. Mais non ! Quand les sauveteurs l’ont enfin entendue et ont pu la dégager, elle a eu assez de forces pour leur dire : « Ben, vous en avez mis un temps ! » Elle a secoué la poussière qu’elle avait sur elle et voilà …Miracle non ? Sa cave contenait un tonneau de vin et c’est ce qui lui avait permis de tenir le coup !
Il y a eu cette petite chatte sortie fièrement des décombres avec sa nichée nouvellement arrivée sur cette terre … qui n’a pas dû lui sembler une terre d’accueil.
Mais il y a eu aussi tous ceux qu’on n’a pas retrouvés, portés à jamais disparus. J’ai retrouvé comme collègue, dans les années 1970, une ancienne voisine de l’Avenue du Miroir à ATHIS. Elle n’avait jamais retrouvé ses parents et sa sœur…


Le Miroir

 

Quelques souvenirs (pas très agréables)…

Evidemment, nous avons manqué de tout, même de l’essentiel, après ce bombardement : pas de vêtements de rechange et impossibilité d’en avoir puisqu’il fallait des points de textile, des bons de chaussures etc… en un mot tout ce que nous n’avions pas pour en obtenir d’autres.
Mais la solidarité a dans l’ensemble été importante; les personnes qui n’avaient pas été touchées par ce désastre, ou très peu touchées, ont partagé ce qu’elles avaient avec les sinistrés…C’était réconfortant.
Ce qui l’était moins, ça a été le pillage des décombres ! Comment peut-on piller des gens qui déjà n’ont plus rien ! Malheureusement, je crois que dans toutes les catastrophes ça se passe comme ça … Ceux qui pillaient allaient sur les décombres alors que c’était interdit étant donné le danger. Ce qu’ils volaient, ils le revendaient au prix du marché noir… Les trafiquants n’ont pas de conscience !


Les villas Lardy

Autre petit souvenir de cette époque troublée.

En temps de guerre, tout est dangereux, même… le saucisson !
Cela se passe au cours de l’hiver 1940/1941 au Marché des GRAVILLIERS
Un dimanche matin, au début de l’occupation allemande, j’aidais des amis qui vendaient de la parfumerie sur le marché des Gravilliers. Juste en face d’eux se trouvait une charcuterie dont l’étal, moins bien achalandé qu’avant-guerre, vous donnait quand même faim ! Mais voilà, si on pouvait regarder, on ne pouvait ni toucher, ni acheter si on n’avait pas ces fichus tickets d’alimentation. Et ce charcutier ne détestait pas trop l’armée d’occupation, ni le marché noir….Il avait cette réputation qui n’était pas usurpée d’ailleurs je crois… C’est ce qui se disait.
Arrive un client qui, bien entendu, voulait acheter de la nourriture…C’était un homme d’une trentaine d’années, pas plus agressif qu’un autre . Le charcutier lui dit qu’il ne pouvait rien lui vendre etc… etc… La conversation s’envenime et les poings commencent à s’agiter d’un côté comme de l’autre ! Et tout à coup, le client furieux attrappe une énorme MORTADELLE (je crois que c’est le nom de ces saucissons qui font 10 cm de diamètre) et frappe avec sur la tête du charcutier ! Au tapis le charcutier, complètement assommé. Je ne sais pas s’il voyait des étoiles, mais les spectateurs présents (dont j’étais) étaient partis d’un grand éclat de rire… Petite revanche peut-être en ce temps où une simple petite rondelle de saucisson était la bienvenue !

Geneviève Cotty
Ce texte est sous référencement IDDN. Toute utilisation de celui-ci doit avoir été précédée d'une demande à l'auteur 

Les photos accompagnant le texte proviennent du livre Juvisy sur Orge 18 Avril 1944

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commentaires

C
Merci ! C'était du "service rapide" !
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D
Voilà ! C'est réparé ! ;-)
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C
Seules les photos proviennent du livre JUVISY SUR ORGE 18 Avril 1944. Le texte dans son intégralité a été écrit par Geneviève (c'est-à-dire moi !)<br /> Rendons à César.....etc...
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