Balade dans Athis-Mons (91200), Juvisy sur Orge (91260) et Paray-Vieille-Poste (91550) FRANCE
LE 24 AOUT A ATHIS-MONS
“ J’AI ÉTÉ FUSILLÉ
j’ai reçu le coup de grâce ″
nous dit le brigadier Émile JOFFRIN
― A votre santé.
― A la vôtre, surtout.
L’homme qui trinque avec nous est un mort vivant. Il a été fusillé. On a même voulu l’achever avec le coup de grâce. Et cependant, il est là, devant nous. Il boit l’apéritif.
Telle est, en bref, l’extraordinaire aventure du brigadier des gardes et communications Emile Joffin, d’Athis-Mons.
Mais écoutons l’histoire de cet homme de 34 ans.
― C’est le 24 août. Il est 6 heures de l’après midi. Nous sommes cinq camarades qui défendons la gare d’Athis-Mons. Il y a là le brigadier Chassagne, trois jeunes gardes de 20 ans, Robert Houy, Delattre, Jacques Heylliard et moi-même.
» Les Allemands nous encerclent. Nous sommes armés de grenades et de fusils. Tout à coup, une trentaine de soldats nous surprennent alors que nous sommes embusqués derrière un mur. Ils nous mettent en joue.
» Les allemands nous tiennent toujours en respect. D’un signe, ils nous font comprendre que nous devons nous aligner contre le mur, les bras en l’air. Les coups de feu claquent autour de nous. Ce sont d’autres amis qui tirent sur les occupants du village.
» Le jeune Jacques Heylliard réussit à s’enfuir en plongeant dans la Seine. Les nazis font feu sur lui sans l’atteindre.
» Nous sommes toujours contre le mur. Un officier donne un ordre et… c’est fini. Je m’écroule. Aussitôt, l’officier s’avance vers les quatre corps. Les coups de feu sifflent de toutes parts. L’homme ― un capitaine, je crois ― s’avance vers moi. Je sens quelque chose de chaud qui coule sur ma poitrine. Je ne suis pas évanoui. Le capitaine a son revolver à la main. Il se baisse et appuie son arme contre ma tête. Il tire…
» C'est le brigadier Chassagne que je revois le premier. Il est près de moi et hurle la douleur. Deux balles l'ont atteint au bas ventre.
» Moi, j'ai le crâne comme un ballon. Ma bouche est pleine de sang. Je crache plusieurs dents. Malgré cela, j'ai la force de me lever et d'aller à l'intérieur de la gare où se trouve un poste de secours. Une infirmière me lave le visage.
Une équipe de camarades va chercher le brigadier Chassagne. Il est grièvement blessé.
« Quant aux deux jeunes gardes Houy et Delattre, ils sont morts.
Après quelques soins je me sens mieux. Je réalise. Il me semble que je suis mort et que je rêve quand même. Est-ce possible ? Je me tâte... Oui., je respire normalement. J'ai seulement mal à la tête. La balle du coup de grâce a traversé la joue et m'a arraché les dents de la mâchoire inférieure, du côté gauche. J'ai deux balles dans l'épaule gauche. J'ai quand même le sourire. La vie est belle. Je reviens de loin.
― A votre santé !
― A la vôtre !
Et le brigadier Emile Joffrin boit une gorgée d'apéritif qu'il savoure doublement.
Ses petits yeux sont brillants comme des perles. Il rit. Sa joue est marquée d'un petit trou rouge.
« Ça ne me fait pas de mal ! «
C'est un souvenir.
Ernest DEUILLY
Source supposée : Journal « Défense de la France »
Document trouvé sur : http://groups.google.fr/group/histoire-athis-mons?hl=fr&pli=1
http://docs.google.com/Doc?docid=dd6kmmbj_322kgnjcs2&hl=fr
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